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Ubuheta

Updated: Apr 4

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Ce blog est, de loin, le plus facile que j’ai eu à écrire. Non pas parce que j’étais certaine de lui rendre justice, mais précisément parce que j’en doutais. De plus, connaissant ma sœur aussi bien que chacun de mes frères et sœurs, je sais à quel point ils tiennent à leur intimité. Ce qui m’a particulièrement surprise, c’est sa générosité en répondant à mes questions. Je vous invite donc à découvrir ce blog dédié à la deuxième née d'Abiwacu.


Abiwacu

Ce projet que je vais appeler ”Abiwacu” me trotte dans la tête depuis quelques années maintenant. Depuis longtemps, je taquine mon frère et mes sœurs, en leur disant que je vais écrire un blog sur chacun d’entre eux. Honnêtement, cela pourrait même devenir un livre. C’est dire l’étendue de la matière.


Pour ceux qui ne savent pas, j’ai un frère et quatre sœurs. Chacun d’eux est une véritable chronique à part entière. On y retrouve un militaire, une ingénieure, une chirurgienne, une scientifique/artiste et une diplomate dans l'âme. Et puis, il y a moi.


Au-delà de leurs professions, ils ont aussi des personnalités très différentes. Grandir au sein d’une grande fratrie, en plus des oncles et autres cousins qui étaient souvent de passage, a profondément forgé ma personnalité notamment mes capacités d’adaptation.


Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, en tant que benjamine, je suis habituée à rester en retrait. Ce projet est ma manière de reprendre la parole, de faire entendre ma voix, de partager mes réflexions et d’explorer les histoires qui me tiennent à cœur. Nous allons continuer notre découverte avec la deuxième de la famille.


Un modèle

Il y a quelques années, quelqu’un m’a demandé quels étaient mes modèles dans la vie. Non pas pour faire des jaloux, mais je me souviens avoir mentionné ma sœur. À l’époque, je venais tout juste de commencer l’université et c’est en grande partie grâce à elle que j’ai choisi mon programme d’étude.


Avais-je les mêmes compétences qu’elle ? Certainement pas. Mais quelques années plus tôt, j’avais eu l’occasion de lui rendre visite sur son lieu de travail, et je me souviens à quel point elle semblait épanouie en nous parlant des projets sur lesquels elle travaillait.


C’est donc un plaisir de constater qu’après toutes ces années, elle reste passionnée par son métier et reconnaissante pour sa carrière. Voici un extrait de notre entretien:

Peux-tu te présenter?

Je suis ingénieure, spécialisée dans la création de systèmes durables pour améliorer l'accès à l'eau et réduire les risques de catastrophes. En dehors du travail, je suis une épouse et fière maman de trois enfants—deux garçons et une fille—qui illuminent ma vie. Ma foi en Dieu me guide, et j'accorde une grande importance à ma famille ainsi qu'à l'impact positif que je peux avoir, tant sur le plan personnel que professionnel.


Comment as-tu vécu ton enfance avec un frère et quatre sœurs?

C'était un mélange de chaos, de rires et de moments inoubliables. Avec tant de personnalités uniques sous un même toit, il n’y avait jamais de moment ennuyeux. Nous nous soutenions, célébrions nos succès et faisions face aux défis ensemble.


Mon frère m’a appris la force et la protection, tandis que mes sœurs ont révélé mon côté attentionné, m'enseignant la patience et l'importance du travail d'équipe.


Dans de nombreux foyers burundais et africains, les mamans peuvent être particulièrement strictes avec leur première fille, alors je me suis retrouvée à naviguer dans ma propre croissance tout en guidant et protégeant mes sœurs.


C’était à la fois un privilège et un défi de montrer l'exemple, de répondre aux attentes tout en restant ancrée.


Comment as-tu choisi ton domaine d'études à l’université?

Lorsque j’ai obtenu mon diplôme de fin d’études secondaires, je faisais partie de ces personnes qui ne savaient pas vraiment quoi étudier (haha). J’ai toujours eu une grande passion pour la chimie, et la pharmacie semblait être un choix naturel pour nourrir cette passion mais j’étais indécise. Quand j’ai finalement décidé de postuler, c’était trop tard.


Finalement, mes parents—surtout ma mère—ainsi que mes cousines m’ont orientée vers le génie civil et environnemental. Leur soutien et leurs conseils ont joué un rôle clé dans ma décision, et c’est ainsi que j’ai trouvé ma voie dans ce domaine.


Lors du deuxième semestre de ma première année universitaire, j’ai dû choisir entre le génie civil (construction) et le génie de l’eau et de l’environnement. Une fois de plus, mon père, qui avait travaillé sur divers projets en hydraulique et approvisionnement en eau, m’a inspirée à me spécialiser en ingénierie de l’eau.


Plus tard dans mes études, j’ai eu la chance d’avoir un professeur de sciences atmosphériques qui croyait en moi et m’a encouragée à poursuivre un master en hydrométéorologie. Avec le recul, je suis convaincue que Dieu a utilisé ces personnes pour me guider dans ce domaine et tracer mon chemin.


(Papa a étudié la chimie à l'université, et il a certainement transmis sa passion à la plupart de ses enfants. Je ne dirai pas qui ne l’a pas héritée (haha!) Ndlr)


Comment as-tu vécu ton expérience en ingénierie en tant que femme?

Ce fut une expérience unique, remplie à la fois de défis et de moments gratifiants. Pendant mes études de premier cycle, j’étais l’une des deux filles dans une classe de plus de 60 garçons. Ce déséquilibre de genre a apporté son lot de difficultés, notamment face aux stéréotypes, mais il m’a aussi offert des avantages. Cela m’a appris la résilience, m’a poussée à exceller et m’a permis de me démarquer d’une manière que je n’aurais peut-être pas pu autrement.


Par exemple, chaque fois que j’obtenais une bonne note à un devoir ou à un examen, certains de mes camarades plaisantaient en disant que c’était uniquement parce que j’étais une fille. Je me souviens particulièrement d’un devoir de dessin technique en groupe. Après la correction, le professeur a annoncé que j’avais obtenu un A+. Beaucoup de mes camarades étaient convaincus que c’était dû à mon genre, alors qu’en réalité, c’était mon sens du détail qui avait fait la différence—une qualité que beaucoup de filles maîtrisent naturellement.


D’un autre côté, être l’une des rares filles avait parfois ses avantages. Par exemple, si la salle de classe était pleine, certains camarades me cédaient leur place ou m’aidaient à en trouver une. Ces petites attentions ont facilité certaines choses.


Ces expériences ont éveillé ma curiosité et m’ont poussée à poursuivre mon master dans une université féminine. Là-bas, j’ai rencontré des femmes incroyablement intelligentes et inspirantes. Cet environnement a été transformateur : il m’a rendue plus forte, plus confiante et m’a montré le pouvoir de la solidarité féminine dans les domaines traditionnellement masculins.


Le plus beau jour de ta vie?

Quand j’ai donné naissance pour la toute première fois. Ce fut un moment qui a bouleversé ma vie, rempli d’émotions—joie, gratitude et émerveillement. Devenir parent pour la première fois est une expérience que je chérirai à jamais.


(Ce petit prince est l’un des neveux pour lesquels j’ai écrit ce court poème à sa naissance. Un grand shout-out à tous les tontons et tantines qui ont vu les bébés de leurs frères et sœurs (nos bébés) naître, et qui se retrouvent à toucher l’écran, à sourire, en rêvant de tenir ce sang de leur sang.Ndlr)


Le jour le moins mémorable?

Celui où j’ai appris que mon enfant était sur le spectre de l’autisme. C’était la première fois que j’entendais parler de l’autisme, et comme je n’en savais presque rien, ma réaction initiale a été la peur et la culpabilisation—je me suis demandée si j’avais fait quelque chose de mal. Je me sentais submergée et incertaine quant à l’avenir, ne sachant pas comment l’accompagner.


À ce moment-là, j’avais du mal à voir la neurodivergence sous un jour positif. Mais avec le temps, j’ai appris à comprendre et à accepter. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu de m’avoir confié la responsabilité d’élever un enfant aussi spécial.


Cela m’a appris la patience, la résilience et l’amour inconditionnel d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer.


La qualité que tu admires le plus chez ton époux?

Son cœur généreux et son soutien inébranlable envers les autres. S’il peut faire quelque chose pour aider, il donne tout pour rendre les autres heureux.


Peu importe les défis auxquels je fais face—dans ma carrière, dans la maternité ou dans mon développement personnel—il est toujours à mes côtés, m’encourageant à persévérer. Il croit en moi même lorsque je doute de moi-même, et ce genre de réassurance n’a pas de prix.


Il a aussi une façon unique de me faire rire, même dans les moments les plus stressants, et je lui en suis profondément reconnaissante.


(Cela, je peux en témoigner – j’ai eu la chance de vivre avec eux pendant un moment, et son sens de l'humour, ainsi que sa manière d’exprimer l'amour tout en taquinant les autres, étaient précieux. Merci de l'aimer autant, Gangsta! Ndlr)


Qu’as-tu appris depuis que tu es maman?

La maternité a été l'une des expériences les plus transformatrices de ma vie. J’ai appris que chaque enfant est unique et qu’il n’existe pas de méthode universelle pour élever un enfant.


Plus important encore, elle m’a appris à être altruiste—à mettre les besoins de mes enfants avant les miens, par amour. Cependant, j’ai aussi appris que prendre soin de moi-même est tout aussi essentiel, car cela me permet d’être la meilleure maman possible.


Quelles sont tes valeurs?

La loyauté, l’excellence et la paix.


  1. Tout comme mon frère, la loyauté est importante pour moi car je crois en l’importance de rester fidèle aux personnes qui me sont chères et d’être une personne fiable en toute circonstance.

  2. L’excellence me pousse à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que j’entreprends, en étant toujours intentionnelle et engagée dans ma progression.

  3. la paix—je m’efforce de créer un environnement paisible autour de moi, car je suis convaincue que le vrai bonheur réside dans l’harmonie, tant intérieure qu’avec les autres.


(Elle est l'une des âmes les plus paisibles que je connaisse, tout en étant d'une grande détermination dans ses actions et ses interactions avec les autres. Ndlr)


Crois-tu en Dieu? Pourquoi?

Oui, je crois fermement en Dieu. Ma foi a été façonnée à la fois par mes expériences personnelles et par l’éducation reçue de ma famille. J’ai grandi en apprenant l’importance de la foi, mais ce sont les expériences de la vie qui ont vraiment renforcé ma croyance.


Un moment qui a particulièrement renforcé ma foi a été mes études en prévision environnementale et en prévisions météorologiques. J’avais des discussions avec un camarade météorologue, et nous réfléchissions souvent au fait qu’aucun modèle créé par l’homme ne pouvait prévoir l’atmosphère ou la météo avec une précision absolue. Les limites de la connaissance humaine m’ont fait réaliser qu’il existe une puissance supérieure qui régit la création—quelque chose qui dépasse notre compréhension.


La maternité a également renforcé ma foi, dès la grossesse. La manière dont un bébé se forme, la science complexe derrière tout cela, et même le fait que les professionnels de la santé atteignent parfois leurs propres limites, tout cela témoigne de l’existence d’un Créateur divin.


Penses-tu que l’altruisme soit une faiblesse?

Pas du tout ! Je considère l’altruisme comme une force, car il faut du courage pour mettre les autres avant soi, surtout dans un monde qui valorise souvent l’intérêt personnel.


Le véritable altruisme demande de la force—émotionnelle, mentale, et parfois même physique. Certains peuvent confondre la gentillesse avec de la faiblesse, mais en réalité, être altruiste tout en maintenant des limites est une qualité puissante.


Quelle serait ta question pour la prochaine personne?

Qu'est-ce qui t'a aidé à découvrir ton but dans la vie, et quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui est encore à la recherche du sien?


Ce blog et projet est un voyage au cœur des histoires de ma famille, une exploration de nos vies et de nos liens. J’espère qu’il va inspirer d’autres à mieux connaître leur propre famille, à poser des questions et à redécouvrir leurs êtres chers.


Pour ceux qui, pour une raison ou une autre, éprouvent des difficultés à se connecter avec leur famille, j’espère que vous trouverez des amis, une communauté qui vous soutienne et vous comprenne. Après tout, comme dirait quelqu’un connu pour sa sagesse légendaire: « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Genèse 2:18). La solitude évoquée ici ne se limite pas à l’aspect purement romantique. Jésus-Christ lui-même n’a pas mené son ministère en vase clos. Il avait de nombreux disciples et parmi ces derniers, un cercle rapproché de douze compagnons.


En parlant de relation avec Dieu, peut-être avez-vous des doutes ou des questions à ce propos. Il m’arrive aussi d’en avoir parfois. Heureusement, la Bible contient cette promesse précieuse : « Invoque-moi, et je te répondrai ; je t'annoncerai de grandes choses, des choses cachées, que tu ne connais pas » (Jérémie 33:3).


Puissiez-vous trouver en Lui un guide, un refuge et des réponses.


N’ijwi ryuzuye urukundo,


Irakoze

2 Comments

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Vos écrits résonnent profondément, et j’espère qu’ils continueront à inspirer et à émouvoir de nombreuses personnes.


Merci pour ce beau partage !

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Irakoze
Irakoze
Mar 04
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Merci beaucoup pour ce commentaire encourageant, chère Marina. ❤️

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